Les humains sont des intentaculaires, tout comme les vers de terre, les araignées de mer et les corneilles noires.
Vous trouvez cela absurde ?
Vous avez raison et nous sommes d'accord avec vous.
Pourquoi regrouper ensemble des espèces si disparates sur le seul critère qu'elles n'ont pas de tentacules ?
Regrouper, dans le cas cité ci-dessus, les humains et la corneille noire a la cohérence que ces deux espèces ont des vertèbres, élément apparu à un moment de l'évolution, qui a donné à ces espèces une possibilité de développement que n'avaient pas les autres espèces.
Par contre, regrouper des espèces comme l'araignée de mer, le ver de terre et les deux vertébrés est absurde car leur organisation est totalement différente. Ils n'ont pas de points en commun; ni actuellement, ni dans l'évolution de leur lignée d'espèces.
Nous sommes là dans le même cas que celui des intentaculaires. C'est un regroupement d'espèces qui n'ont en commun qu'un élément négatif : elles n'ont pas de vertèbres.
De plus les études menant à la classification phylogénétique ont montré l'éloignement de groupes réunis sous le vocable "invertébrés".
Je me souviens de cette réunion au REEMA (ancienne appellation d'Educ' Alpes) où une professeure de sciences de la vie et de la Terre (SVT) nous a dit que les animateurs nature étaient formidables car ils avaient une connaissance de la nature exceptionnelle, mais que nous leur cassions leur travail de vulgarisation de la classification phylogénétique du vivant (enseignée au collège) en utilisant les termes de reptiles, de poissons et d'invertébrés.
Cela m'a interpellé et il m'a fallu beaucoup de temps pour, non seulement, ne plus utiliser ces termes obsolètes, mais aussi pour savoir comment les remplacer.
Il m'a fallu voir, en premier, les groupes concernés par le terme invertébrés, dans ma région montagneuse.
Les arthropodes terrestres
Les arthropodes forment un groupe homogène qui peut être conservé. C'est un terme peu utilisé, mais il suffit d'en prendre l'habitude (mais cela demande de l'énergie et du temps).
Quels sont les animaux conservés :
Ensuite, chaque groupe se subdivise; les myriapodes en chilopodes (Une seule paire de pattes par segment) et en diplopodes (Deux paires de pattes par segments); les arachnides en araignées, en acariens, en scorpions, etc.; les insectes en 29 ordres, dont, par exemple, les coléoptères, les orthoptères, les lépidoptères; les diptères, etc.
Les mollusques
Les mollusques terrestres sont formés des escargots et des limaces.
D'autres groupes
Ensuite, nous pouvons rencontrer des groupes particuliers.
Nous sommes là avec des groupes si particuliers que nous sommes obligés d'utiliser les termes scientifiques.
En voici quelques uns qui nous obligent d'approfondir nos propres connaissances.
Les gordius sont des nématomorphes (ayant la forme de nématodes) que nous pouvons rencontrer près des torrents et des zones humides.
Le planaire alpin (Crenobia alpina) est un parenchymien.
Est-ce donc là un gros problème d'aller juste un peu plus loin dans la connaissances des groupes homogènes qui existaient, pour la plupart, auparavant ?
Le problème de l'évolution des esprits
La réunion du REEMA dont je parle plus haut date d'une dizaine d'années (entre 2005 et 2010). Je constate, depuis ce moment-là, une inertie au changement absolument formidable !
Certes, cela demande de l'énergie et de la volonté pour actualiser ses connaissances.
Or la volonté de se mettre à jour n'est pas un élément remarquable dans le monde entomologique, de l'amateur au scientifique. Comment faire évoluer les mentalités lorsqu'il y a un conservatisme fortement ancré dans un apprentissage souvent très lointain...
Comment voulez-vous que les jeunes générations acceptent les nouveaux termes lorsque ceux qui sont là pour leur apprendre refusent obstinément de les utiliser, sous prétexte que tout le monde connait ces termes là !
Autant continuer à dire que la Terre est plate, puisque cela devait se dire il y a 500 ans !
Nous sommes passés d'une période où le "savant" avait la connaissance une fois pour toute à celle où le scientifique reconnait maintenant que ce qui est dit actuellement peut être remis en cause dans dix ans.
Comme le dit un très beau dessin animé du Musée des Confluences, à Lyon, nous passons de la création figée une fois pour toute à la notion d'évolution des espèces...
Il serait bien que le monde naturaliste se mette à évoluer... pour être capable d'assurer une réelle éducation à l'environnement !
Guido Meeus, 25 mai 2018